Phytoprotection
Entomologie

La cécidomyie des fleurs du canola, un nouveau ravageur potentiel à surveiller au Québec?

Résumé vulgarisé

Une nouvelle espèce de cécidomyie a été découverte en 2016 dans l’ouest du Canada et décrite comme étant la cécidomyie des fleurs du canola. Bien que d’apparence similaire à la cécidomyie du chou-fleur, cette espèce se distingue par de subtiles différences au niveau des caractéristiques morphologiques et par les dommages qu’elle cause aux plants de canola. Cette nouvelle espèce est maintenant largement retrouvée dans les provinces des Prairies et a été récemment observée en Ontario. Sa présence au Québec pourrait allonger la période à risque pour le canola et affecter la production de cette culture au Québec mais il est encore non déterminée si cette dernière est présente.

Crédit photo : Boyd Mori (Université de l'Alberta)

Résumé scientifique

En 2016, une nouvelle espèce de cécidomyie a été découverte dans les champs de canola de l’ouest du Canada et décrite comme étant la cécidomyie des fleurs du canola (canola flower midge en anglais; CFC), Contarinia brassicola. Initialement confondue avec la cécidomyie du chou-fleur (C. nasturtii; CCF), cette espèce se distingue par de subtiles différences au niveau des caractéristiques morphologiques, par la variation de certaines séquences dans la région codante du gène mitochondrial (COI), et par les dommages qu’elle cause aux plants de canola. Contrairement à la CCF, la CFC infeste uniquement les boutons floraux en croissance.

Depuis sa découverte, cette cécidomyie est maintenant largement retrouvée dans les provinces des Prairies où certaines régions rapportent des populations relativement élevées. Elle a aussi été récemment détectée en Ontario. Cependant, aucune information n’existe quant à sa présence au Québec et sa présence dans la province pourrait allonger la période à risque pour le canola et potentiellement affecter la production de cette culture.

La surveillance de cet insecte peut être effectuée en examinant les racèmes de canola à la recherche de fleurs présentant des galles ou encore en utilisant des pièges à phéromones. Toutefois, aucune stratégie de gestion n’est actuellement disponible pour la CFC, bien que la rotation des cultures semble contribuer à réduire les dommages.

Les dommages économiques semblent rares jusqu’à présent et il n’existe aucun seuil économique d’intervention pour la CFC au Canada. Par ailleurs, son impact sur les rendements en canola et la rentabilité des traitements aux insecticides est inconnue.

Objectifs

L’objectif du projet est de déployer des pièges à phéromone encore à l’étude dans les champs suivis pour la cécidomyie du chou-fleur par le RAP GC afin de déterminer si cette espèce est présente au Québec et à quelle abondance.

Crédit photo : CÉROM

Domaine : Phytoprotection
Spécialité : Entomologie
Porteur de projet : Sébastien Boquel
Collaborateur(s) externe(s) : Boyd Mori (Université de l'Alberta), Jean-Philippe Légaré (MAPAQ), Joseph Moisan-De Serre (MAPAQ)
Source de financement : Activité 2 de la surveillance phytosanitaire du Réseau d’Avertissements Phytosanitaires
Durée : 2023-2025
Culture : Canola
Pays : Canada
Régions : Saguenay–Lac-Saint-Jean, Montérégie Est, Bas-Saint-Laurent, Abitibi-Témiscamingue, Chaudière-Appalaches
Statut : En cours

GALERIE PHOTOS

PROJETS

Piège-fosse à phéromone pour taupins
épis de blé
Les maladies foliaires peuvent engendrer des pertes de rendement significatives pour les producteurs de blé, se traduisant par des pertes de rendement annuelles entre 5 % et 44 %. La méthode la plus fréquente pour réduire les pertes associées aux maladies foliaires du blé est l’utilisation de fongicides foliaires. Selon des données de l’Allemagne, l’utilisation de fongicides foliaires peut réduire les pertes de rendement associées aux maladies foliaires de 12 %. Par contre, l’utilisation non justifiée de fongicides foliaires représente non seulement des coûts non négligeables pour les producteurs, mais aussi potentiellement des effets néfastes pour l’environnement, la santé humaine et des animaux, et éventuellement l’efficacité des fongicides foliaires via le développement de résistance aux fongicides. L’utilisation raisonnable et durable des fongicides foliaires est donc nécessaire, surtout dans un contexte où les changements climatiques risquent d’augmenter la fréquence des épidémies, de précipiter l’arrivée de maladies, ou d’en introduire de nouvelles au Québec. La lutte intégrée des ennemies de culture et l’utilisation raisonnable et justifiée des fongicides foliaires sont donc des pratiques obligatoires faces aux changements climatiques afin d’assurer une production durable et rentable pour les producteurs. L’utilisation de cultivars résistants est souvent considérée comme la première ligne de défense contre les maladies, en plus de représenter un moyen rentable et durable pour combattre les maladies agricoles, et plusieurs études démontrent que les pertes de rendement sont hautement corrélées avec le niveau de résistance d’un cultivar, avec moins de pertes quand un cultivar résistant est utilisé . Le seuil de control, c’est-à-dire le niveau d’infection dont une application de fongicide foliaire est efficace, rentable et justifiable, peut varier selon le stade d’infection, la maladie, et le niveau de résistance d’un cultivar. Bien que les seuils d’intervention actuels au Québec soient basés sur un seuil de 5 % de la feuille étendard ou les feuilles du haut, les applications systématiques à certains stades phénologiques demeurent une pratique courante. Klocke et al. (2023) ont démontré qu’une intervention de « situation », basée sur le niveau de résistance d’un cultivar contre différentes maladies et l’utilisation d’un cultivar multirésistant peut réduire l’indice de fréquence des traitements de fongicides foliaires par 80 %, comparé à des applications basées sur le stade du cultivar sans prendre en compte le niveau de résistance ou la sévérité de la maladie. Ce projet vise à démontrer que les seuils d’intervention recommandés sont fiables et que les applications de fongicides foliaires ne sont justifiées que lorsque ces seuils sont atteints et si les conditions météorologiques favoriseront le développement continue de la maladie. Le but du projet est de comparer l'efficacité relative de l'utilisation de la résistance génétique pour lutter contre les maladies afin de réduire l'utilisation des pesticides dans le blé.

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