Phytoprotection
Entomologie, Génétique des céréales, Malherbologie

Le canola d’automne dans les rotations de cultures comme moyen de lutte aux ravageurs et aux mauvaises herbes en régie conventionnelle et biologique

Résumé vulgarisé

Le canola d’automne est une culture d’hiver depuis peu testée au Québec. Elle a le potentiel d’éviter des problèmes d’insectes en désynchronisant leur pic d’activité avec les stades de croissance les plus vulnérables pour la plante, en plus de faire compétition aux mauvaises herbes à la reprise de croissance au printemps. Ce projet est conduit avec deux variétés résistantes à l’hiver, ce qui devrait améliorer les taux de survie hivernale de cette culture. Si les résultats sont prometteurs, cette culture permettra aux producteurs de diversifier leur choix de cultures et de limiter, voire éliminer, l’utilisation de pesticides dans la culture de canola tout en favorisant une couverture des sols en hiver.

Crédit photo : CÉROM

Résumé scientifique

L’intégration de canola d’automne dans la rotation des cultures est une nouvelle pratique agroenvironnementale à la portée de l’ensemble des régions productrices de canola. Cette culture est relativement bien implantée aux États-Unis, ainsi que dans l’Ouest canadien et en Ontario. Le canola d’automne reste cependant peu connu au Québec en raison du manque de connaissances quant à sa survie hivernale et son potentiel de rendement dans les conditions québécoises. La culture de cette Brassicacée comporte pourtant un certain nombre d’avantages. Son cycle de production similaire à celui des céréales d’automne (semis à partir d’août, vernalisation par le froid et récolte l’été suivant) offre une couverture au sol qui permet de limiter l’érosion à l’automne et au printemps. Le canola d’automne aurait aussi la capacité de mieux résister aux dommages causés par certains insectes ravageurs qui sévissent au cours de la saison de croissance du canola (altises, cécidomyie du chou-fleur, charançon de la silique, etc…). Ainsi, grâce à la désynchronisation de leur pic d’activité avec les stades de croissance les plus vulnérables pour la plante, le canola d’automne pourrait faciliter la lutte aux insectes ravageurs. De plus, cette nouvelle culture pourrait faciliter le contrôle des mauvaises herbes (MH) au printemps.

Objectifs

L’objectif principal du projet est d’évaluer l’intérêt d’inclure le canola d’automne dans une rotation de cultures au Québec pour réduire ou éliminer l’utilisation de pesticides dans le canola tout en favorisant la santé des sols et la rentabilité des entreprises agricoles. Les objectifs spécifiques sont d’évaluer:

  1. l’effet d’une couverture de canola d’automne sur les MH présentes,
  2. l’efficacité du canola d’automne à éviter les dommages causés par les principaux ravageurs du canola (altises, cécidomyie du chou-fleur, charançon de la silique, punaises ternes et fausse-teigne des crucifères) en début de saison et lors de la reprise de croissance,
  3. la survie hivernale,
  4. le potentiel de rendement d’une rotation canola d’automne – blé d’automne.

Crédit photo : CÉROM

Domaine : Phytogénétique, Phytoprotection
Spécialité : Entomologie, Génétique des céréales, Malherbologie
Porteur de projet : Sébastien Boquel
Collaborateur(s) interne(s) : Sandra Flores-Mejia, Michel McElroy
Collaborateur(s) externe(s) : Hélène Brassard (MAPAQ), Ayitre Akpakouma (MAPAQ), Véronique Samson (MAPAQ)
Source de financement : Programmation de recherche en phytoprotection en grandes cultures
Durée : 2022-2025
Culture : Canola, Blé d’automne
Pays : Canada
Régions : Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean, Chaudière-Appalaches, Montérégie Est
Statut : Terminé

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VIDÉOS

PROJETS

épis de blé
Les maladies foliaires peuvent engendrer des pertes de rendement significatives pour les producteurs de blé, se traduisant par des pertes de rendement annuelles entre 5 % et 44 %. La méthode la plus fréquente pour réduire les pertes associées aux maladies foliaires du blé est l’utilisation de fongicides foliaires. Selon des données de l’Allemagne, l’utilisation de fongicides foliaires peut réduire les pertes de rendement associées aux maladies foliaires de 12 %. Par contre, l’utilisation non justifiée de fongicides foliaires représente non seulement des coûts non négligeables pour les producteurs, mais aussi potentiellement des effets néfastes pour l’environnement, la santé humaine et des animaux, et éventuellement l’efficacité des fongicides foliaires via le développement de résistance aux fongicides. L’utilisation raisonnable et durable des fongicides foliaires est donc nécessaire, surtout dans un contexte où les changements climatiques risquent d’augmenter la fréquence des épidémies, de précipiter l’arrivée de maladies, ou d’en introduire de nouvelles au Québec. La lutte intégrée des ennemies de culture et l’utilisation raisonnable et justifiée des fongicides foliaires sont donc des pratiques obligatoires faces aux changements climatiques afin d’assurer une production durable et rentable pour les producteurs. L’utilisation de cultivars résistants est souvent considérée comme la première ligne de défense contre les maladies, en plus de représenter un moyen rentable et durable pour combattre les maladies agricoles, et plusieurs études démontrent que les pertes de rendement sont hautement corrélées avec le niveau de résistance d’un cultivar, avec moins de pertes quand un cultivar résistant est utilisé . Le seuil de control, c’est-à-dire le niveau d’infection dont une application de fongicide foliaire est efficace, rentable et justifiable, peut varier selon le stade d’infection, la maladie, et le niveau de résistance d’un cultivar. Bien que les seuils d’intervention actuels au Québec soient basés sur un seuil de 5 % de la feuille étendard ou les feuilles du haut, les applications systématiques à certains stades phénologiques demeurent une pratique courante. Klocke et al. (2023) ont démontré qu’une intervention de « situation », basée sur le niveau de résistance d’un cultivar contre différentes maladies et l’utilisation d’un cultivar multirésistant peut réduire l’indice de fréquence des traitements de fongicides foliaires par 80 %, comparé à des applications basées sur le stade du cultivar sans prendre en compte le niveau de résistance ou la sévérité de la maladie. Ce projet vise à démontrer que les seuils d’intervention recommandés sont fiables et que les applications de fongicides foliaires ne sont justifiées que lorsque ces seuils sont atteints et si les conditions météorologiques favoriseront le développement continue de la maladie. Le but du projet est de comparer l'efficacité relative de l'utilisation de la résistance génétique pour lutter contre les maladies afin de réduire l'utilisation des pesticides dans le blé.
Le milieu agricole fait face à de multiples défis, incluant la confontration de multiples ennemis des cultures comme les mauvaises herbes et les maladies qui peuvent réduire les rendements de façon significative. Leur présence et les pertes qui y sont associées sont fortement incluencées par l'environnement, dont les changements climatiques jouent un rôle important. Pour faire face à cette situation, l'utilisation de pesticides demeure une des outils principaux, par contre, leur utilisation n'est souvent pas jusitifée. À cette problématique, s'ajoute la déradation de la santé des sols, constaté depuis les année 1990 au Québec. Des modèles prévisionnels peuvent aider les producteurs à prendre des décisions informées, mais les modèles existant sont souvent basés sur des conditions générales et non les conditions réelles du champ. L'exploitation de l'intelligence artificielle appuyée par des données multisources, incluant les observations par télédétection, permettra le développement de modèles prédictifs plus précis. Mais, le développement de tels modèles est confronté à l'accès aux données à grande échelle. Ce projet vise à s'attaquer à cette problématique, en développant une infrastructure numérique intelligente (INI), basée sur une nouvelle approche de fédération des données à l’échelle de la Montérégie. Le projet développera également des modèles prédictifs pour deux ennemis des cultures, notamment l'émergence du chénopod blanc et l'apparition des apothécies de la sclérotiniose du soya, à traver de la base de données et des données de télédétection.
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