Phytoprotection
Entomologie

Modèle prévisionnel et facteurs de risque pour la mouche des semis dans les grandes cultures au Québec

Résumé vulgarisé

La mouche des semis est un ravageur majeur dans diverses cultures, entraînant parfois d’importantes pertes de rendement et économiques en cas de forte infestation. L’utilisation et l’enfouissement d’engrais verts et de fumiers organiques au printemps augmentent le risque d’infestation par ce ravageur. Des modèles d’émergence ont été développés pour l’Amérique du Nord, mais leur validation au Québec est nécessaire. Dans cette étude, un modèle basé sur les degrés-jours a été développé pour prédire le pourcentage d’émergence des populations de mouche des semis au Québec. Les dates prédites par le modèle étaient très proches des dates réelles, notamment pour les pourcentages d’émergence de 25 à 75 %. Les essais sur le terrain ont montré que les engrais organiques enfouis près de la date du semis, en particulier le fumier de poulet, favorisaient les dommages de mouche des semis, mais ces dommages n’entraînent pas nécessairement des pertes de rendement. Des infestations importantes, proche de la date du semis, seraient nécessaires pour impacter négativement le rendement du maïs et du soya.

Crédit photo : CÉROM

Résumé scientifique

Le complexe de mouche du genre Delia (Diptera : Anthomyiidae) est un groupe de ravageurs important dans plusieurs cultures à travers le monde qui peut provoquer de fortes diminutions de rendement et des pertes économiques. Des échantillonnages effectués dans le cadre de différents projets ont montré que D. platura (la mouche des semis ou MS) est la principale espèce de mouche du genre Delia retrouvée dans le soya et le maïs au Québec (Labrie, données non publiées). Bien que les dommages causés par ce ravageur soient sporadiques au Québec, ils peuvent être très importants, causant parfois la perte totale des plants sur plusieurs hectares. L’un des principaux facteurs de risque est l’utilisation et l’enfouissement d’engrais verts et de fumiers organiques au printemps lors du semis. Une des méthodes de lutte contre ce ravageur consiste à retarder ou devancer la date de semis ou d’enfouissement des engrais en fonction de la date d’émergence de la MS. Des modèles d’émergence ont été développés pour l’Amérique du Nord, mais ces derniers n’ont pas été validés au Québec. Il n’est pas clair non plus à quel moment l’enfouissement d’engrais verts ou de fumiers, combiné avec l’émergence des MS, cause des dommages aux grains en germination.

En raison du manque d’information sur les pratiques culturales et les facteurs qui favorisent l’attraction de la MS et les dommages qu’elle occasionne dans le soya et le maïs, de nombreux producteurs agricoles utilisent des traitements de semence insecticides de façon préventive. Afin de les aider à utiliser ces pesticides de façon raisonnée, il est indispensable de mieux comprendre la dynamique d’émergence de la MS, ainsi que les risques associés à l’utilisation et l’enfouissement de matière organique au printemps.

Dans cette étude, un modèle basé sur les degrés-jours a été développé pour prédire le pourcentage d’émergence des populations de MS. Les dates prédites par le modèle étaient très proches des dates réelles, notamment pour les pourcentages d’émergence de 25 à 75 %. Cependant, comme les données utilisées pour créer le modèle proviennent principalement de sites en Montérégie-Est, il est probable que les prédictions actuelles ne soient valables que pour cette région.

Des essais au champ ont été faits pour évaluer l’effet de différents engrais organiques (fumier de poulet, de bovin et lisier de porc) et d’un engrais vert (seigle d’automne), enfouis ou non à différentes dates par rapport au semis, sur les dommages de MS. De manière plus générale, les engrais organiques enfouis très près de la date du semis ont favorisé la présence et les dommages de MS, particulièrement le fumier de poulet qui était de loin le plus attractif. L’engrais vert (seigle), quant à lui, ne ressort pas comme un engrais organique très attractif pour la MS.

L’ensemble des volets de cette étude montre que la présence de larves et de dommages ne se traduisait pas nécessairement par des pertes de peuplement ou de rendement. Même lorsque la grande majorité des plants présentait des dommages, aucune perte de peuplement ou de rendement n’a pu être associée à la présence de MS. Ceci suggère que de fortes infestations proches de la date du semis seraient nécessaires pour impacter négativement les composantes du rendement du maïs et du soya.

Objectifs

Le but du projet était de développer et valider un modèle d’émergence pour la mouche des semis (MS) dans les grandes cultures au Québec (objectif 1), et d’étudier l’impact de l’utilisation et l’enfouissement d’un engrais vert (objectif 2) et d’engrais organiques (objectif 3) sur les dommages causés par la mouche des semis dans le soya et le maïs

Crédit photo : CÉROM

Domaine : Phytoprotection
Spécialité : Entomologie
Porteur de projet : Sébastien Boquel
Source de financement : Programme Prime-Vert – Volet 4
Durée : 2017 – 2019
Culture : Maïs, Soya
Pays : Canada
Régions : Montérégie
Statut : Terminé

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VIDÉOS

PROJETS

Phytopathologie
L’utilisation de variétés résistantes est l’une des options les plus efficaces pour minimiser les risques associés à la sclérotiniose du soya causée par Sclerotinia sclerotiorum. Des études récentes démontrent que la résistance du soya peut être grandement affectée par l'isolat utilisé pour l'évaluation, la résistance allant de sensible à modérément résistante au sein d'une seule lignée de soya ou de canola. Ces lacunes peuvent sérieusement compromettre l'efficacité et la stabilité des évaluations de résistance à la sclérotiniose en pépinière, car les isolats utilisés varient d'une pépinière à l'autre. Cela peut entraîner des réponses variables des cultivars sur le terrain pour le contrôle de la sclérotiniose du soya, entraînant des pertes accrues ou une dépendance accrue aux fongicides en raison du changement climatique et de la croissance du secteur du soya à l'échelle nationale. De plus, l’utilisation de variétés sensibles augmente la charge d’inoculum dans les champs, mettant ainsi en danger d’autres cultures sensibles comme le canola, le tournesol et les légumineuses. L’ajout de soya aux rotations de cultures contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) grâce à sa capacité à fixer l’azote, mais ne devrait pas compromettre les autres cultures. Une approche globale visant à améliorer et à stabiliser les évaluations en pépinière de la résistance du soya à la sclérotiniose et à combler les écarts dans les incohérences dans les niveaux de résistance observés pour certaines variétés de soya produira des évaluations stables et fiables , contribuera à réduire les charges d'inoculum de la sclérotiniose et contribuera à réduire la dépendance à l'égard des fongicides pour le contrôle de la sclérotiniose du soya et d'autres cultures sensibles dans la rotation. Ce projet vise donc à mieux comprendre la variabilité génétique de S. sclerotiorum à travers le Canada et l'effet de la variation sur la résistance du soya avec le but d'améliorer la stabilité et la fiabilité des pépinières et les évaluations de résistance.

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