Phytoprotection
Entomologie

Durée d’efficacité des pièges-appâts pour capturer les vers fil-de-fer

Résumé vulgarisé

Les larves de taupins, aussi appelées vers fil-de-fer (VFF), sont des insectes nuisibles très courants dans les champs de grandes cultures au Québec. Pour savoir s’ils risquent de causer des dommages aux semis, on place dans les champs des pièges-appâts (PA) qui attirent ces larves. 10 pièges espacés de 25 mètres sont installés et sont vérifiés chaque semaine pendant trois semaines. Mais une nouvelle méthode plus simple permettrait de laisser certains pièges en place plus longtemps, sans avoir à tous les déterrer chaque fois. Avant d’adopter cette méthode, il faut s’assurer que les pièges restent efficaces semaines. En effet, les appâts libèrent du CO₂ (un gaz qui attire les larves) pendant environ 8 à 14 jours, mais on ignore si cela correspond à une efficacité constante pour capturer les VFF. L’objectif est donc de vérifier la durée d’efficacité des PA et vérifier si leur pouvoir de détection des seuils de dommages économiques diminue avec le temps.

Crédit photo : CÉROM

Résumé scientifique

Les larves de taupins (Coleoptera : Elateridae), ou vers fil-de-fer (VFF), sont parmi les ravageurs des semis les plus communs dans les champs de grandes cultures au Québec. Les populations de VFF dans les champs sont généralement évaluées en début de saison à l’aide de pièges-appâts (PA). Dans le cadre du suivi des populations de ravageurs des semis, le RAP Grandes cultures utilise une grille de 10 PA, distants de 25 m les uns des autres, qui sont relevés à chaque semaine pendant trois semaines. Or, un précédent projet a permis de mettre au point une méthode de dépistage allégée qui permet de déterminer si les populations de VFF dépassent les seuils de dommages économiques sans avoir à déterrer et trier tous les pièges (Boquel et al 2024). Suivant cette méthode, il suffirait de remplacer les PA ayant été relevés et laisser les pièges non déterrés en place jusqu’au relevé suivant. On connait cependant mal la durée d’efficacité d’un PA dans le sol. Kabaluk et al. (2023) rapporte que les émissions de CO2 atteindraient un plateau après 8 à 10 jours et que le dégagement cesserait après environ 14 jours. En outre, il n’est pas clair si le taux de capture de VFF est constant au fil du temps. Puisque la méthode de dépistage allégée est proposée aux dépisteurs, il semble important de valider le nombre de jours pendant lesquels les PA sont efficaces pour capturer les VFF.

Des PA seront installés en début de saison (semaine 1) dans un maximum de 10 champs en suivant la grille du RAP. À chaque point de la grille, deux pièges seront installés à 5 m de distance pour un total de 20 PA par champ. Une semaine plus tard (semaine 2), un seul des deux pièges de chaque station sera relevé et un nouveau PA sera installé à 1 m de distance. Finalement, la semaine suivante (semaine 3), tous les PA seront relevés. À chaque relevé, les appâts déterrés seront placés dans des sacs de plastiques et ramenés au CÉROM où ils seront triés afin d’identifier et dénombrer les VFF.

Objectifs

Étudier la durée d’efficacité des PA et vérifier si leur pouvoir de détection des seuils de dommages économiques diminue avec le temps.

Crédit photo : CÉROM

Domaine : Phytoprotection
Spécialité : Entomologie
Porteur de projet : Sébastien Boquel
Source de financement : Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec
Durée : 2025
Culture : Soya, Maïs
Pays : Canada
Régions : Centre-du-Québec, Montérégie Est, Montérégie Ouest
Statut : En cours

GALERIE PHOTOS

PROJETS

Le ver-gris occidental du haricot (VGOH) est un papillon dont les larves s'attaquent principalement aux cultures de maïs (grain, ensilage et sucré). Il est difficile de lutter contre cet insecte puisque les larves (des chenilles) s'attaquent aux épis et que peu de méthodes sont actuellement disponibles. Les trichogrammes sont des micro-guêpes qui peuvent parasiter les œufs de plusieurs espèces de papillons ravageurs. Ils sont utilisés comme agents de lutte biologique dans plusieurs cultures fruitières et maraîchères, ainsi qu’en foresterie. Au cours des dernières années, nous avons démontré que les trichogrammes peuvent parasiter les œufs de VGOH. Dans certaines cultures, des trichocartes sont utilisées pour effectuer la lutte biologique. Mais l'utilisation de trichocartes n'est pas une méthode viable pour de grandes superficie. Les drones sont une technologie innovante pour faire de l'épandage de trichogrammes dans les champs. Cette méthode a déja été testée pour lutter contre la pyrale du maïs. Le projet vise donc à tester différentes méthodes d'épandage (en vrac ou en capsules) pour évaluer si cette technologie est efficace et rentable pour contrôler le VGOH. les populations de ver-gris occidental du haricot (VGOH) (Lepidoptera : Noctuidae). Des masses d’œufs avaient été collectées dans différents champs de la province pour déterminer s’il existe un parasitisme naturel et si oui, par quelle(s) espèce(s). Des essais préliminaires avaient également été réalisés en champ en effectuant des lâchers inondatifs de trichogrammes à l’aide de trichocartes sur de petites superficies. Les résultats avaient montré que les masses d’œufs peuvent être parasitées par diverses espèces de trichogrammes, mais naturellement c’est l’espèce T. minutum qui semble être la meilleure candidate pour contrôler le VGOH puisque quasiment 100% des masses d’œufs de VGOH étaient parasitées par cette espèce (Saguez, 2024). Bien que les trichogrammes soient efficaces contre les œufs de VGOH, il serait peu réaliste d’installer manuellement des trichocartes sur de grandes superficies de maïs grain ou ensilage ni même dans du maïs sucré destiné à la transformation. Il existe d’autres méthodes qui peuvent être envisagées pour les grands champs, parmi lesquelles la dispersion des trichogrammes par avion, à l’aide de drones (dispersion en vrac ou via des capsules) ou en utilisant des pulvérisateurs. Des études récentes ont été menées au Québec sur la pyrale du maïs et la tordeuse des bourgeons de l’épinette, avec l’utilisation de drone pour libérer des trichogrammes (Martel et al. 2021). Les résultats de ces travaux ont montré un parasitisme plus élevé des masses d’œufs de pyrale et de tordeuse dans les zones traitées par drone que dans les zones témoin. Cette étude a également montré que la synchronisation de l’épandage et le temps d’exposition des œufs sont des facteurs clefs dans le succès de la méthode. Une autre étude a également été effectuée par l’Université Laval à l’aide d’un pulvérisateur installé sur un véhicule tout terrain (Dionne, 2019). En 2021, un épandage par drone de trichogrammes en vrac sur vermiculite avait été réalisé dans deux champs et les résultats avaient indiqué une réduction des dommages liés au VGOH dans les sections traitées avec des trichogrammes comparativement au témoin (Saguez, non publié). Le présent projet qui s’est déroulé au cours des saisons 2022 à 2024 visait à confirmer l’efficacité des différentes méthodes d’épandage de trichogrammes pour le contrôle du VGOH.
Piège-fosse à phéromone pour taupins
épis de blé
Les maladies foliaires peuvent engendrer des pertes de rendement significatives pour les producteurs de blé, se traduisant par des pertes de rendement annuelles entre 5 % et 44 %. La méthode la plus fréquente pour réduire les pertes associées aux maladies foliaires du blé est l’utilisation de fongicides foliaires. Selon des données de l’Allemagne, l’utilisation de fongicides foliaires peut réduire les pertes de rendement associées aux maladies foliaires de 12 %. Par contre, l’utilisation non justifiée de fongicides foliaires représente non seulement des coûts non négligeables pour les producteurs, mais aussi potentiellement des effets néfastes pour l’environnement, la santé humaine et des animaux, et éventuellement l’efficacité des fongicides foliaires via le développement de résistance aux fongicides. L’utilisation raisonnable et durable des fongicides foliaires est donc nécessaire, surtout dans un contexte où les changements climatiques risquent d’augmenter la fréquence des épidémies, de précipiter l’arrivée de maladies, ou d’en introduire de nouvelles au Québec. La lutte intégrée des ennemies de culture et l’utilisation raisonnable et justifiée des fongicides foliaires sont donc des pratiques obligatoires faces aux changements climatiques afin d’assurer une production durable et rentable pour les producteurs. L’utilisation de cultivars résistants est souvent considérée comme la première ligne de défense contre les maladies, en plus de représenter un moyen rentable et durable pour combattre les maladies agricoles, et plusieurs études démontrent que les pertes de rendement sont hautement corrélées avec le niveau de résistance d’un cultivar, avec moins de pertes quand un cultivar résistant est utilisé . Le seuil de control, c’est-à-dire le niveau d’infection dont une application de fongicide foliaire est efficace, rentable et justifiable, peut varier selon le stade d’infection, la maladie, et le niveau de résistance d’un cultivar. Bien que les seuils d’intervention actuels au Québec soient basés sur un seuil de 5 % de la feuille étendard ou les feuilles du haut, les applications systématiques à certains stades phénologiques demeurent une pratique courante. Klocke et al. (2023) ont démontré qu’une intervention de « situation », basée sur le niveau de résistance d’un cultivar contre différentes maladies et l’utilisation d’un cultivar multirésistant peut réduire l’indice de fréquence des traitements de fongicides foliaires par 80 %, comparé à des applications basées sur le stade du cultivar sans prendre en compte le niveau de résistance ou la sévérité de la maladie. Ce projet vise à démontrer que les seuils d’intervention recommandés sont fiables et que les applications de fongicides foliaires ne sont justifiées que lorsque ces seuils sont atteints et si les conditions météorologiques favoriseront le développement continue de la maladie. Le but du projet est de comparer l'efficacité relative de l'utilisation de la résistance génétique pour lutter contre les maladies afin de réduire l'utilisation des pesticides dans le blé.

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