Phytoprotection, Régie des cultures
Esssais variétaux/régie biologique, Phytopathologie

Optimisation de l’utilisation du biofongicide Contans pour le contrôle de la pourriture à sclérotes du soya

Résumé vulgarisé

Plusieurs études démontrent que le biofongicide Contans WG peut bien contrôler la pourriture à sclérotes dans les cultures de canola, de laitue, de carottes et de haricots. Ce produit détruit les sclérotes de S. sclerotiorum, les rendant soit moins virulents (produisant moins d’apothécies) ou incapables de produire des apothécies (morts). Ce produit est fréquemment utilisé au Québec, mais aucune étude n’a examiné son efficacité à long terme et sa capacité de survivre l’hiver en culture de soya sous les conditions agroclimatiques québécoises. Ce projet vise à mener des essais chez des producteurs ayant une historique de la maladie et dans des parcelles au CÉROM afin d’évaluer l’impact de différents régimes d’application [période (automne, printemps)] sur l’efficacité de Contans WG dans le contrôle de la pourriture à sclérotes du soya au Québec. Les résultats attendus de ce projet permettront de faire des recommandations aux producteurs pour une utilisation optimale de Contans WG contre la pourriture à sclérotes dans le soya dans les conditions environnementales du Québec.

Crédit photo : CÉROM

Résumé scientifique

La pourriture à sclérotes (Sclerotinia sclerotiorum; syn. moisissure blanche, pourriture à sclérotes) est une des plus importantes maladies de plusieurs cultures agricoles. Le contrôle de cette maladie est souvent difficile dû à sa capacité de survivre plusieurs années dans le sol sous forme de sclérotes et à sa capacité d’infecter plus que 300 espèces de plantes dont le soya, les carottes, les patates et le canola, mais aussi des mauvaises herbes comme les pissenlits, les astres, l’ambroisie, l’asclépiade et même des espèces d’amarante. Dans le soya, la pourriture à sclérotes est la maladie créant le plus de pertes économiques au Québec. L’inoculum principal provient de sclérotes dans les cinq premiers centimètres du sol qui produisent des apothécies, dont les ascospores infectent la plante à travers les tissus sénescents. Par la suite, l’infection se propage à travers tous les tissus. En fin de saison, des sclérotes se forment à l’intérieur et à la surface des tissus, tombent au sol pendant la récolte et servent d’inoculum pendant plusieurs années. Des grains contaminés, soit par des mycéliums ou des sclérotes, peuvent aussi servir d’inoculum. Les fongicides chimiques sont inefficaces pour contrôler l’inoculum principal provenant de sclérotes enterrés et aucune plante hôte n’est complètement résistante. Le contrôle de cette maladie est donc basé sur l’utilisation de cultivars résistants, de bonnes rotations de cultures et de bonnes pratiques de travail du sol, ainsi que sur l’utilisation de fongicides foliaires de façon préventive aux stades de floraison.

Plusieurs études démontrent que le biofongicide Contans WG peut bien contrôler la pourriture à sclérotes dans les cultures de canola, de laitue, de carottes et de haricots. Ce produit détruit les sclérotes de S. sclerotiorum, les rendant soit moins virulents (produisant moins d’apothécies) ou incapables de produire des apothécies (morts). Zeng, Kirk et al. (2012) ont démontré que les populations de C. minitans n’ont pas changé de façon significative après 169 jours, ce qui suggère que ce produit peut détruire les sclérotes pendant plusieurs mois. Ce produit est fréquemment utilisé au Québec, mais aucune étude n’a examiné son efficacité à long terme et sa capacité de survivre l’hiver en culture de soya sous les conditions agroclimatiques québécoises.

Ce projet vise à mener des essais chez des producteurs ayant une historique de la maladie et dans des parcelles au CÉROM afin d’évaluer l’impact de différents régimes d’application [période (automne, printemps)] sur l’efficacité de Contans WG dans le contrôle de la pourriture à sclérotes du soya au Québec. Des champs de producteurs ayant une historique d’une forte pression de la pourriture à sclérotes seront visés. Au CÉROM, les parcelles seront artificiellement inoculées avec des sclérotes préconditionnés. Les paramètres suivants seront analysés pendant trois ans :  l’indice de la maladie (DSI), les rendements et la qualité des grains. Au CÉROM, la survie des sclérotes (capacité de fructifier comme reflet de l’efficacité des traitements même en absence de symptômes visibles) serait également évaluée en déterminant le taux de fructification des sclérotes sous les différents régimes de traitements. Les résultats attendus de ce projet permettront de faire des recommandations aux producteurs pour une utilisation optimale de Contans WG contre la pourriture à sclérotes dans le soya dans les conditions environnementales du Québec.

Objectifs

Objectif général : Optimiser les applications de Contans WG afin de maximiser son efficacité dans la culture du soya au Québec.

Objectifs spécifiques : (1) Évaluer le moment d’application (printemps vs automne ou les deux) pour déterminer le moment optimal pour appliquer Contans WG au Québec; 2) Évaluer le taux de survie des sclérotes provenant d’un champ ayant reçu des traitements de Contans WG sous différents régimes d’application (printemps vs automne ou les deux) au Québec; et 3) Évaluer la capacité de Contans WG de réduire l’incidence et la sévérité de la pourriture à sclérotes du soya au Québec.

Crédit photo : CÉROM

Domaine : Phytoprotection, Régie des cultures
Spécialité : Esssais variétaux/régie biologique, Phytopathologie
Porteur de projet : Tanya Copley
Collaborateur(s) interne(s) : Marie Bipfubusa
Collaborateur(s) externe(s) : Francis Allard (Agr.), Yvan Faucher (MAPAQ), Véronique Samson (MAPAQ)
Source de financement : Programmation de recherche en phytoprotection en grandes cultures
Durée : 2022 – 2025
Culture : Soya
Pays : Canada
Régions : Montérégie Est, Chaudière-Appalaches
Statut : En cours

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PROJETS

L’utilisation de variétés résistantes est l’une des options les plus efficaces pour minimiser les risques associés à la sclérotiniose du soya causée par Sclerotinia sclerotiorum. Des études récentes démontrent que la résistance du soya peut être grandement affectée par l'isolat utilisé pour l'évaluation, la résistance allant de sensible à modérément résistante au sein d'une seule lignée de soya ou de canola. Ces lacunes peuvent sérieusement compromettre l'efficacité et la stabilité des évaluations de résistance à la sclérotiniose en pépinière, car les isolats utilisés varient d'une pépinière à l'autre. Cela peut entraîner des réponses variables des cultivars sur le terrain pour le contrôle de la sclérotiniose du soya, entraînant des pertes accrues ou une dépendance accrue aux fongicides en raison du changement climatique et de la croissance du secteur du soya à l'échelle nationale. De plus, l’utilisation de variétés sensibles augmente la charge d’inoculum dans les champs, mettant ainsi en danger d’autres cultures sensibles comme le canola, le tournesol et les légumineuses. L’ajout de soya aux rotations de cultures contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) grâce à sa capacité à fixer l’azote, mais ne devrait pas compromettre les autres cultures. Une approche globale visant à améliorer et à stabiliser les évaluations en pépinière de la résistance du soya à la sclérotiniose et à combler les écarts dans les incohérences dans les niveaux de résistance observés pour certaines variétés de soya produira des évaluations stables et fiables , contribuera à réduire les charges d'inoculum de la sclérotiniose et contribuera à réduire la dépendance à l'égard des fongicides pour le contrôle de la sclérotiniose du soya et d'autres cultures sensibles dans la rotation. Ce projet vise donc à mieux comprendre la variabilité génétique de S. sclerotiorum à travers le Canada et l'effet de la variation sur la résistance du soya avec le but d'améliorer la stabilité et la fiabilité des pépinières et les évaluations de résistance.

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