La pourriture à sclérotes (Sclerotinia sclerotiorum; syn. moisissure blanche, pourriture à sclérotes) est une des plus importantes maladies de plusieurs cultures agricoles. Le contrôle de cette maladie est souvent difficile dû à sa capacité de survivre plusieurs années dans le sol sous forme de sclérotes et à sa capacité d’infecter plus que 300 espèces de plantes dont le soya, les carottes, les patates et le canola, mais aussi des mauvaises herbes comme les pissenlits, les astres, l’ambroisie, l’asclépiade et même des espèces d’amarante. Dans le soya, la pourriture à sclérotes est la maladie créant le plus de pertes économiques au Québec. L’inoculum principal provient de sclérotes dans les cinq premiers centimètres du sol qui produisent des apothécies, dont les ascospores infectent la plante à travers les tissus sénescents. Par la suite, l’infection se propage à travers tous les tissus. En fin de saison, des sclérotes se forment à l’intérieur et à la surface des tissus, tombent au sol pendant la récolte et servent d’inoculum pendant plusieurs années. Des grains contaminés, soit par des mycéliums ou des sclérotes, peuvent aussi servir d’inoculum. Les fongicides chimiques sont inefficaces pour contrôler l’inoculum principal provenant de sclérotes enterrés et aucune plante hôte n’est complètement résistante. Le contrôle de cette maladie est donc basé sur l’utilisation de cultivars résistants, de bonnes rotations de cultures et de bonnes pratiques de travail du sol, ainsi que sur l’utilisation de fongicides foliaires de façon préventive aux stades de floraison.
Plusieurs études démontrent que le biofongicide Contans WG peut bien contrôler la pourriture à sclérotes dans les cultures de canola, de laitue, de carottes et de haricots. Ce produit détruit les sclérotes de S. sclerotiorum, les rendant soit moins virulents (produisant moins d’apothécies) ou incapables de produire des apothécies (morts). Zeng, Kirk et al. (2012) ont démontré que les populations de C. minitans n’ont pas changé de façon significative après 169 jours, ce qui suggère que ce produit peut détruire les sclérotes pendant plusieurs mois. Ce produit est fréquemment utilisé au Québec, mais aucune étude n’a examiné son efficacité à long terme et sa capacité de survivre l’hiver en culture de soya sous les conditions agroclimatiques québécoises.
Ce projet vise à mener des essais chez des producteurs ayant une historique de la maladie et dans des parcelles au CÉROM afin d’évaluer l’impact de différents régimes d’application [période (automne, printemps)] sur l’efficacité de Contans WG dans le contrôle de la pourriture à sclérotes du soya au Québec. Des champs de producteurs ayant une historique d’une forte pression de la pourriture à sclérotes seront visés. Au CÉROM, les parcelles seront artificiellement inoculées avec des sclérotes préconditionnés. Les paramètres suivants seront analysés pendant trois ans : l’indice de la maladie (DSI), les rendements et la qualité des grains. Au CÉROM, la survie des sclérotes (capacité de fructifier comme reflet de l’efficacité des traitements même en absence de symptômes visibles) serait également évaluée en déterminant le taux de fructification des sclérotes sous les différents régimes de traitements. Les résultats attendus de ce projet permettront de faire des recommandations aux producteurs pour une utilisation optimale de Contans WG contre la pourriture à sclérotes dans le soya dans les conditions environnementales du Québec.